Symphonie des couleurs
17 février 2024 - 19h30
Concert en collaboration avec l’Harmonie Montcalm.
Blanc, jaune, bleu, rouge et vert : des couleurs sources d’inspiration musicale et de différentes atmosphères.
Théâtre Centennial de l'Université Bishop's
2600, rue College, Sherbrooke J1M 1Z7
Au programme
17 février 2024 - 19h30
Fantasy on a Mountain Song
William Himes
Le style d'écriture unique de William Himes est mis en valeur dans ce Chant de la montagne alors qu'il prend la chanson folklorique la plus simple pour la transformer en un régal pour les sens. La mélodie de base prend une apparence plus insistante à mesure que les fragments mélodiques grandissent, se transforment et s'unissent progressivement, pour se lancer dans un rythme implacable qui mène à une finale à couper le souffle.
Danzas Cubanas
Robert Sheldon
Danszas Cubanas (Danses cubaines) est un ensemble de trois mouvements de danse originaux célébrant la joie et l'énergie de la musique afro-cubaine et du peuple de la nation insulaire. La conga d'ouverture donne le ton, suivie d'un son-salsa doux et séduisant. La danse finale est un mambo au rythme rapide. Excellente expérience musicale multiculturelle, les trois danses interreliées comportent des solos pour piano, trombone, flûte et trompette, et offrent un excellent divertissement susceptible de faire lever le public.
The Cycle
Peter Sciaino
L’anxiété sociale est une affection courante qui touche quotidiennement de nombreux adolescents, ainsi que des adultes. Souvent, le traitement de la phobie sociale cherche à « briser le cycle ». Le Cycle a été écrit pour offrir une interprétation sonore de ce trouble affectif dans l'espoir que, grâce à une meilleure compréhension, un dialogue ouvert puisse être rendu accessible aux jeunes qui y font face quotidiennement; dans certains cas, sans même savoir que d’autres vivent la même situation.
Des thèmes chromatiques sont utilisés pour créer une texture maniaque tout au long de la pièce. Ce sentiment de malaise est important pour créer une atmosphère d’affliction, quelles que soient la dynamique et l’orchestration à un moment donné. Le cycle de l’anxiété sociale s’auto-entretient souvent, la première étape étant déclenchée par l’anticipation initiale d’une interaction qui pourrait sembler inoffensive. La pièce s’ouvre dans cet esprit en utilisant un chromatisme légèrement marqué qui se transforme rapidement en un environnement sonore plus frénétique. Le thème mélodique d'ouverture amorce cette première escalade des symptômes de panique. L’idée répétitive gagne du terrain avec de plus en plus d’éléments rythmiques et harmoniques s’ajoutant à un moment qui représente l’interaction sociale elle-même. Le souffle court, la bouche sèche, le sentiment d’un malheur imminent sont autant de symptômes de cette étape.
À un certain moment, la musique suggère un certain apaisement après l'interaction sociale, qui peut souvent être un soulagement, au début, pour ceux qui souffrent. L’auteur a tenté de s'en inspirer en créant une diversion en mesure de 3 temps, qui évoque un moment plus confortable et gérable au moment de la transition. Ce sentiment de soulagement est souvent très bref, car la personne affectée commence à s'inquiéter de situations similaires qui pourraient survenir à l'avenir et de la façon dont elle pourrait devoir y faire face. Effectivement, l'anxiété réapparaît et les étapes de panique et de doute de soi reviennent en force avant de revisiter une version intensifiée de la ligne mélodique originale.
Rock Rock Mountain
Rosanno Galante
Cette composition est une œuvre épisodique qui peint en musique un portrait des monts Red Rock, un magnifique paysage de montagnes de Pennsylvanie. Des fanfares de cuivres et des lignes de vent envolées amorcent la pièce. Le musique évolue vers une section plus émotionnelle qui représente les montagnes au crépuscule. À mesure que le soleil se lève et éclaire ses sommets, la musique devient lyrique et rythmiquement incisive. La pièce culmine dans une finale héroïque des cuivres illustrant la grandeur de ces superbes montagnes de la côte Est.
Ouverture de La Princesse jaune
Camille Saint-Saëns
Arr. : Josée Schyns
La Princesse jaune a été le premier effort de composition de Saint-Saëns pour la scène lyrique, une opérette en un acte écrite pour l'Opéra-comique en 1872. Le sujet de l'œuvre fournit à Saint-Saëns une autre occasion d'utiliser son intérêt pour les sujets musicaux exotiques, bien que dans ce domaine l'exotisme s'invente. La trame de l'opérette raconte l'histoire d'un jeune Néerlandais, qui a une petite amie fidèle, mais qui a aussi la bougeotte et l’envie de voyager. Il prend un stupéfiant et a une vision du Japon. Il croit y avoir été transporté et se le représente comme un royaume de conte de fées. Une jolie figurine jaune prend vie (la « princesse jaune » du titre). Après divers incidents, il revient à la réalité, dans les bras de sa petite amie, et se rend compte que son amour pour elle est plus grand que sa recherche d'aventures exotiques. L'ouverture colorée de l’opérette est une délicieuse aventure exotique, magnifiquement accompagnée de sonorités « asiatiques » séduisantes. Par sa légèreté et sa mélodie, cette musique est proche de l'esprit d'Offenbach.
Impromptu Adventure
Roxane Grenier
Impromptu Adventure est une œuvre composée en 2023 par Roxane Grenier, pianiste, flûtiste et compositrice diplômée de l’Université de Sherbrooke. Structurée en quatre tableaux, elle dévoile un récit sonore invitant l'auditeur à parcourir les différentes étapes d'un voyage imaginatif et inattendu.
Le premier tableau débute avec une invitation à l’aventure évoquant le bonheur, la découverte et la fébrilité. Les motifs répétés aux bois et aux percussions, les variations nombreuses mais subtiles et l’utilisation du mode lydien de do créent une atmosphère en constante évolution, soutenant ainsi les mélodies aux cors et aux clarinettes jusqu’à l’apogée.
La deuxième section, amorcée avec une modulation en ré mineur, apporte une nouvelle énergie avec une mélodie puissante et des rythmes accentués aux trompettes et aux percussions. Elle illustre la rencontre d'embûches et met en lumière la bravoure et les aptitudes du protagoniste à surmonter les péripéties sur son chemin.
La troisième partie explore quant à elle la nostalgie et l’apaisement émergeant lors de la résolution d'épreuves difficiles. Ce tableau, empreint de solennité grâce à l’utilisation du cycle de quinte et du riche timbre des cuivres, offre un moment de douceur et de réflexion.
Enfin, la conclusion célèbre la réussite du héros dans un dénouement grandiose. Les mélodies et contrechants des tableaux précédents se superposent dans une fanfare triomphante, constituant les souvenirs d’une aventure qui tire désormais à sa fin.
Blue Shades
Frank Ticheli
Le compositeur explique qu’en 1992, il a composé un concerto pour « jazz band » traditionnel et orchestre, Playing with Fire (Jouer avec le feu), pour le Jim Cullum Jazz Band et l’Orchestre symphonique de San Antonio. L’œuvre a été composée comme une célébration de la musique de jazz traditionnelle, que le compositeur avait si souvent entendue durant son enfance près de la Nouvelle-Orléans.
« J’ai éprouvé énormément de joie durant la création de Playing with Fire et mon amour pour le jazz primitif s’exprime dans chaque mesure du concerto », explique Frank Ticheli. « Toutefois, après l’avoir terminé, j’ai compris que c’est le jazz traditionnel qui dominait l’œuvre, laissant ainsi peu de place à l’expression de ma propre voix musicale. J’ai ressenti un intense besoin de composer une autre œuvre, qui combinerait mon amour du jazz primitif avec mon propre style musical. »
Quatre années et plusieurs compositions plus tard, Frank Ticheli a finalement saisi l’occasion d’assouvir ce besoin en composant Blue Shades (Teintes de bleu). Comme le suggère le titre, l’œuvre fait allusion au blues et un sens du jazz y est prévalent – néanmoins, il ne s’agit pas littéralement d’une pièce de blues. On n’y trouve pas une progression simple de mesures de blues à 12 temps, et sauf pour quelques sections isolées, la croche n’est pas en style swing.
La pièce, toutefois, est fortement influencée par le blues : les « notes blues » (tierces, quintes et septièmes mineures) sont utilisées constamment; les harmonies, les rythmes et les tournures mélodiques du blues envahissent toute l’œuvre; et les nombreuses « teintes de bleu (blues) » y sont décrites, du bleu brillant au bleu foncé, du bleu délavé au bleu chaleureux.
De temps à autre, Blue Shades parodie certains des clichés de l’époque du big band, non pour se moquer de ces conventions, mais pour leur rendre hommage. Une section médiane lente et calme rappelle l’atmosphère d’un antre du blues sombre et enfumé. Un solo de clarinette prolongé joué vers la fin rappelle le style de jeu chaleureux de Benny Goodman et introduit une série d’accords plaintifs des cuivres rappelant les effets de sifflet de train communément utilisés à l’époque.
A Colour Symphony (Symphonie no 3)
Philip Sparke
A Color Symphony (Une Symphonie des couleurs) résulte d’une commande de l’Orchestre symphonique à vents de Wehdel, une petite communauté ferroviaire du nord-ouest de l’Allemagne. L’œuvre a été créée en 2014 au théâtre de la ville de Bremerhaven par la formation commanditaire, en présence du compositeur.
Thomas Ratzek, directeur musical de l’orchestre depuis 2006, a transformé le destin, les ambitions et les capacités de cette formation à vents. Tout comme le compositeur Philip Sparke, il considère le Grand Ensemble Symphonique comme la perfection artistique du genre et, en commandant cette œuvre, il a spécifié qu'elle devait exploiter une instrumentation aussi large et variée que possible, avec l’inclusion du registre grave des bois, d’une harpe, d’un piano et de violoncelles. Pour satisfaire ces conditions, Sparke eut l’idée d’écrire une ‘symphonie des couleurs’, tirant parti de la riche palette de sons à sa disposition. Il existe une pathologie nommée chromesthésie, un phénomène neurologique qui fait que certains sons et certaines notes musicales peuvent mener l'auditeur à percevoir certaines couleurs. Ce n’est pas exactement ainsi que Sparke perçoit les sons, mais il distingue, comme de nombreuses personnes, les équivalences entre les « couleurs » musicales (et certaines harmonies) et les couleurs du spectre. Ce sont ces teintes qu'il a employées dans sa 3e Symphonie.
1. White (Blanc)
Des harmonies ouvertes et des couleurs instrumentales pures caractérisent le premier mouvement. Un cor exécute un long solo sur des textures claires qui se résout en do majeur (les touches « blanches » du piano) et atteint un climax en tutti. Un intermède pastoral apaise l’ambiance et mène à une conclusion paisible.
2. Yellow (Jaune)
Le deuxième mouvement met l’accent sur les instruments les plus aigus de l’orchestre, créant ainsi une impression de clarté et de soleil, tant en termes de couleur que d’ambiance. Les motifs mélodiques sont courts et propulsent constamment l'argument musical vers l’avant, changeant fréquemment de tonalité et de registre. Une mélodie plus longue en mode mineur émerge brièvement, mais le soleil revient bientôt pour mettre fin au mouvement.
3. Blue (Bleu)
Le troisième mouvement est réservé aux des bois, aux percussions et aux cordes. Bien qu’il soit « blue en anglais », il communique un sentiment implacable d’immobilisme et de désolation, que le mot « blue » peut parfois évoquer. Un long choral de clarinette est renvoyé en écho par de brefs motifs joués par les cordes, la harpe et le piano.
4. Red (Rouge)
Par contraste, le quatrième mouvement met en jeu les cuivres et les percussions, interprétant le rouge comme une couleur positive et optimiste, ce qui caractérise d’ailleurs la plupart des partitions pour cuivres. Les diverses familles de cuivres sont représentées individuellement et collectivement dans des passages en fugue énergiques et des fanfares audacieuses.
5. Green (Vert)
La finale s’inspire d’une nature verdoyante, éclatante et fertile. Il mêle les nombreuses couleurs instrumentales d’un orchestre à vents en une myriade de combinaisons et, contrairement aux autres mouvements, il se fonde sur un riche éventail de teintes plutôt que sur des couleurs primaires. Plein d’élan et d'énergie, ce mouvement a un caractère dansant et s’achève triomphalement avec des fanfares de cuivres appuyées d’ornements par les bois.